Le 25 octobre 2023, le garde des Sceaux, ministre de la Justice inaugurait au pas de course ce nouvel établissement qu’est le Centre Pénitentiaire de TROYES-LAVAU…
Avant son arrivée et le début de la cérémonie, nous avons pu interpeler le Directeur de l’Administration Pénitentiaire Laurent RIDEL sur l’organigramme de référence et les effectifs dédiés. Des thèmes qui étaient restés sans véritable réponse la veille lors du CSA spécial Troyes-Lavau. Les directions locales et régionales ayant botté en touche sur ce sujet, prétextant la responsabilité et la commande du service EX1 de la DAP.
Il était donc normal d’échanger ne serait-ce que brièvement avec le DAP pour l’occasion…. Malgré des demandes claires, là encore la réponse du premier représentant de notre administration a été purement politique, forte d’éléments de langage évidemment, très polissée, très vague, voire fuyante…
Quant au ministre, il est arrivé entouré de ses collaborateurs proches…
Le protocole d’inauguration a repris son cours et à l’issue de celui-ci nous avons été reçus pour un temps d’échange privilégié avec le conseiller politique du ministre Monsieur DI MARINO.
La demi-heure accordée initialement s’est transformée en 1 heure, et à cette occasion l’UFAP UNSa Justice a pu échanger très librement sur les difficultés à venir, sur nos craintes et celles des agents.
Parmi les divers sujets abordés, il a été notamment posé les 2 questions suivantes :
Question N°1 –
Monsieur le Ministre,
Vous vous déplacez aujourd’hui dans un établissement qui aura coûté plus de 100 millions d’euros et au sein duquel l’administration aura, en pleine crise de recrutement et avec les pénuries d’effectifs, à gérer non pas 472 détenus mais près du double.
Pour gérer cette augmentation de la charge de travail, l’effectif des Personnels n’a pas été revu à la hausse, et même au contraire a été baissé, puisque les organigrammes appliqués sont inférieurs aux organigrammes de référence.
De plus, le plan d’égalité femmes-hommes, que vous avez signé, implique une augmentation des effectifs pour pouvoir octroyer tant les congés maternité que les congés paternité entre autres choses…
Enfin, les nouvelles missions, et y compris celles sur la voie publique, sont également consommatrices de Ressources Humaines que le ministère ne met pas, ou pas suffisamment à disposition.
À Troyes-Lavau comme dans d’autres établissements ouverts récemment, la surpopulation carcérale conjuguée à des économies considérables sur les effectifs conduisent à des conditions de travail dégradées, proches d’une forme d’esclavagisme moderne avec des personnels qui voient leurs heures écrêtées et leurs repos supprimés…
Monsieur le Ministre, au-delà du dialogue social que vos services n’ont jamais engagé sur les effectifs de Lavau, pourquoi refusez-vous les emplois nécessaires et à la hauteur de la surcharge de travail engendré par un établissement affichant 472 places mais finalement qui en accueillera près du double ?
Question N°2 –
Monsieur le Ministre,
Alors que cet établissement a été livré en retard, vous imposez aux Personnels de commencer à accueillir les détenus pour les fêtes de fin d’année.
Alors que vous semblez engagés dans une négociation sur ce que vous appelez la qualité de vie au travail, les Personnels, eux, n’ont aucune visibilité sur leur rythme de travail et ne savent pas s’ils vont pouvoir passer les fêtes de fin d’année auprès de leur famille ou au travail.
Pourquoi les agents n’ont-ils pas été sollicités pour recenser leurs desiderata et pourquoi n’ont-ils toujours pas été destinataires de leur planning de travail sur la période des fêtes de fin d’année ?
A la question N°1 : Le conseiller politique s’est engagé à faire remonter ces problématiques dont il ne nie absolument pas ni l’existence ni les conséquences… Une réflexion nationale est nécessaire pour réajuster les besoins et les moyens alloués. Il s’engage à faire remonter le sujet du service LJ 12 heures sans nuit, pour que celui-ci puisse être un réel service LJet non pas ni une coupure, ni une LJ en 10h15.
Il indique que l’établissement n’a pas vocation à être surpeuplé… en tous cas pas à court termes !
A la question N°2 : La direction locale s’est engagée à produire une note qui permettra l’organisation du recensement des desiderata pour construire et valider un service des fêtes de fin d’année très prochainement.
Les représentants de l’UFAP UNSa Justice ont rappelé les enjeux d’une ouverture réussie, avec des effectifs cohérents prenant tout en compte : les nouvelles missions, la féminisation de la profession, les formations inhérentes aux quartiers spécifiques et dédiés, la formation continue, les FAE, les recyclages et autres habilitations, les TCCBS, la surpopulation qui arrivera inévitablement…
Les Personnels de cet établissement vont devoir relever de difficiles et nombreux défis… celui de gérer une population pénale toujours plus violente et nombreuse… et le faire avec des moyens humains sous-calibrés… dans une structure très peu éprouvée et qui laisse déjà entrapercevoir de nombreuses défaillances de conception, structurelles, bâtimentaires…et sécuritaires !
L’UFAP UNSa Justice accompagnera les personnels, TOUS les Personnels, afin que cette ouverture ne se transforme pas en fiasco comme à Mulhouse Lutterbach…
Les Secrétaires Généraux