Avec 79631 détenus incarcérés au 1er octobre, les prisons françaises atteignent une fois encore un niveau d’occupation inédit. En un an, ce sont 5300 incarcérations supplémentaires, presque l’équivalent de 10 établissements de 600 places ! Plus de 3800 détenus dorment sur un matelas au sol et les cellules doublées ou triplées sont de plus en plus nombreuses… La DAP s’est-elle résignée à faire dormir debout les prochains arrivants ?
DES PAROLES VITE OUBLIEES…
En 2000, le rapport du Sénat « Prisons : une humiliation pour la République » pointait déjà l’état de délabrement du système pénitentiaire français. En 2009, le président SARKOZY parlait de « Honte pour la République ». Au fil des gouvernements, les gardes des Sceaux promettaient d’en finir avec la surpopulation…
EN 2024, SO WHAT ?
La population pénale progresse toujours plus chaque mois au détriment des personnels pénitentiaires, de leurs conditions d’exercice et, in fine, au détriment de la société tout entière. Avec près de 4000 vacances de postes tous corps confondus, les conditions d’exercice des personnels se sont dégradées pour être aujourd’hui tout autant inhumaines et dégradantes que les conditions de détention ! La surpopulation carcérale impacte non seulement les personnels de surveillance, les personnels d’insertion et de probation mais aussi les personnels administratifs et techniques.
L’IMPOSSIBLE EST DEJA EN COURS… POUR LES MIRACLES, LA PLACE VENDÔME N’EST PAS LE BON ENDROIT !
Cellules surpeuplées et conditions d’hygiène déplorables (cafards, punaises de lit et autres parasites ou maladies), insultes, intimidations, menaces et violences sont leur lot quotidien dans un tel climat de tension ! Les services sont saturés. N’en déplaise à Napoléon, l’intendance ne suit plus : il n’est plus possible d’adapter les moyens à disposition aux décisions politiques ou administratives !
Avec courage, professionnalisme et toute la meilleure volonté du monde, les personnels pénitentiaires réalisent l’impossible pour maintenir un équilibre précaire et éviter le naufrage… En insécurité permanente à l’intérieur comme à l’extérieur, ils sont épuisés par des rythmes de travail inhumains et des heures supplémentaires à gogo ! Le sentiment d’impuissance face à cette situation cède la place au dégout : les agents sont dégoutés du peu de considération de leur propre administration et de l’inertie de leur ministère.
LES PERSONNELS PENITENTIAIRES PAIENT L’INACTION DES POUVOIRS PUBLICS !
Le mal des prisons françaises n’est pas nouveau. Il est devenu de plus en plus profond au fil des décennies d’absence de volonté et de courage des gouvernements et parlementaires face à la question pénitentiaire. Aujourd’hui, le temps de l’incarcération, qu’elle que soit sa durée, est un temps mort ! Les personnels pénitentiaires peinent à trouver et à donner un sens à leurs missions. Pourtant, ils sont les derniers intervenants du champ social : après la prison, il n’existe pas d’autre dispositif de régulation sociale. L’échec du système pénitentiaire remet en question la sécurité publique de demain.
QUE VAUT-IL MIEUX : DES DETENUS LIBERES ET READAPTES OU DES DETENUS PIRES EN SORTANT QU’EN ENTRANT ?
Le Secrétaire Général,
Emmanuel CHAMBAUD